Bilan : 3 mois aux 3 sources

3 mois aux 3 sources : Je ne pouvais certainement pas rester moins longtemps 😉 Avant d’en partir, je vous propose un petit bilan (vous savez que j’adore les bilans !).

Vivre en écovillage

Suite à l’annulation de mon voyage à Bali, j’ai souhaité trouvé un lieu de vie qui me permettrait de prendre du temps pour écrire mon roman. J’ai cherché un lieu en campagne, pour payer un loyer moins cher, et être entourée de nature. C’est ainsi que j’ai trouvé l’annonce de location aux 3 sources. Cela m’a rappelé que j’avais envisagé cette option pendant le confinement : expérimenter la vie en écovillage.
Cette expérience m’a permis de mettre un certain « coup d’accélérateur » au niveau des décisions prises concernant ma consommation : privilégier le bio, le zéro déchet, et diminuer encore la viande dans mon alimentation.

Premier constat : J’ai validé par l’expérience que cette consommation-là était tout à fait OK avec mon budget courses.
Bien sûr, j’ai fait quelques exceptions, selon l’endroit où je pouvais faire les courses, pour certains produits. Cela reste mineur et tout à fait acceptable selon moi.

J’ai vécu, entourée de forêts, loin des villes. J’ai aimé être en pleine nature. Je suis assez peu sortie, ce qui m’a permis d’apprécier les quelques sorties (avant le confinement). Aujourd’hui, je suis un peu en manque de cafés et de restaurants, mais certainement pas de centre commerciaux. Je me rends compte que cela me semble tellement lointain !

3 mois de toilettes sèches ! Et oui, on me l’avait dit, en écovillage, tu auras des toilettes sèches et ça puuuuuue !
Les toilettes sèches, ça veut dire, aller vider ses toilettes tous les 2-3 jours. Qu’il pleuve ou qu’il vente, car on ne peut pas vraiment attendre. Déjà qu’il faut anticiper pour ne pas avoir à y aller la nuit !

Bilan : j’avais mes toilettes juste à côté de ma chambre, avec simplement un rideau, et donc je peux vous l’assurer : les toilettes sèches, quand on les entretient bien, ça ne pue pas !! Cela prend un peu de temps, les copeaux ça salit un peu autour, ou ça s’accroche à son pull mais niveau inconvénients c’est tout !

Sinon niveau « éco », j’allais 2 fois par jour charger la chaudière à bois. Là, encore niveau inconvénients, je vois surtout la sciure qui s’accroche aux pulls ! 😉 Cela prend un peu de temps, et ça force parfois à se lever tôt, même en week-end, mais ça s’organise à plusieurs.

Vivre en collectif

Vivre en écovillage, c’est surtout vivre en collectif. Quand je suis venue, je suis aussi venue pour rencontrer du monde, et ne pas limiter mes relations à du distanciel. Arriver en Aveyron en ne connaissant personne, je pense que ça peut s’avérer difficile pour faire des rencontres ! Surtout en confinement 😉

Quand je suis arrivée, le collectif était composé de 5 adultes et 2 enfants. Petit collectif qui me convenait assez bien. Je venais surtout pour écrire et prendre un temps d’introspection. Finalement, avec les stages et les gens de passage, j’ai pu voir que le nombre de personnes variait chaque semaine. Cela apportait son lot de rencontres sympathiques, mais aussi d’imprévus pas toujours agréables.

Selon le fonctionnement de l’écovillage, des visiteurs peuvent soient venir n’importe quand (comme ici) en réservant un logement, soit à des périodes prévues. Ici, tant qu’il y a des logements, des personnes peuvent venir. De mon expérience, les personnes passent d’une nuit à une semaine, et attendent toutes de « vivre l’expérience de l’écovillage ». Cela veut dire de savoir comment ça fonctionne, comment on vit, pourquoi on a fait ce choix, etc, etc…

Premier constat : C’est sympa de faire visiter le village, de parler de ses choix, ou de ses interrogations…au début. Après le Xeme visiteur, on se rend compte qu’on est pas toujours disposé à prendre le temps de re-raconter tout ça.

En choisissant de venir voir un éco-village pour, peut-être, s’y installer, ou couper avec le « monde extérieur » pendant quelques temps, beaucoup idéalisent la situation. Lorsqu’ils arrivent, ils ont un micro-point de vue sur la situation, si ce n’est pas exactement cohérent avec ce qu’ils ont imaginé, ce qu’ils sont venus chercher, c’est le drame. Et je parle de situations vécues !

Deuxième constat : Ces visites peuvent devenir « lourdes », quand on se sent jugé au moindre fait et gestes : avoir parlé avec de l’agacement à quelqu’un, ne pas avoir été assez « productif » selon un autre… Euuuh ? et quand est-ce que je suis chez moi ? Finalement, les personnes en visite peuvent très rapidement se faire une opinion qu’elle mette au rang de vérité. Il faut un peu plus de temps pour comprendre un système complexe, et surtout beaucoup plus de flexibilité pour vivre en collectif.

Ensuite, il y a la vraie vie du collectif. Les résidents. Le nombre a augmenté pendant le confinement. Nous, nous sommes retrouvés environ une quinzaine. Cela voulait dire un nouveau collectif, garder le même cadre, tout en intégrant plus de personnes. Des affinités, ou pas. Plus de personnes veut dire aussi plus de communication, et rapidement se retrouver noyés sous la communication (vive whatsapp, mais pas trop).

Troisième constat : Le collectif repose sur un équilibre instable. Il y a besoin de monde pour se partager le travail. Aux 3 sources, le domaine est grand et il y a beaucoup à faire. Mais plus on est nombreux, plus il faut un bon système de communication, et de gestion des tensions qui sont inévitables. Les tensions que vous avez chez vous, avec votre conjoint ou votre famille, sont liées à la vie ensemble au quotidien. Elles sont donc encore plus fortes avec des personnes que vous n’avez pas forcément choisies.

Alors le collectif, que des inconvénients ? NON !

J’ai fait des rencontres formidables. J’étais heureuse d’avoir la disponibilité et la possibilité à ce moment-là. J’ai quitté mes principes d’efficacité qui me collent trop souvent à la peau, pour suivre le rythme de ces rencontres, en groupe ou en tête-à-tête. En quelques semaines, je me suis fait de vrais amis de tous horizons, j’ai partagé des moments intenses, des moments simples qui je sais, resteront gravés dans ma mémoire. Peut-être, quelque part, cela influencera le reste de mon parcours…

Bilan : Je pense déjà que le collectif ne doit pas être idéalisé au risque de rendre plus rapide et plus douloureuse la chute. Si avec votre conjoint.e et vos enfants, il y a des tensions. Ce sera certainement encore plus dans un collectif ! Il me semble indispensable d’avoir de solides compétences en communication et en gestion émotionnelle pour que chaque personne se régule. Bien sûr, le collectif doit disposer d’outils, d’un cadre, de facilitateurs, mais chaque personne doit avoir un minimum de compétences et continuer à les développer. Ensuite, il faut trouver le collectif qui vous correspond : la raison d’être, l’équilibre temps perso/temps collectif, l’énergie globale, etc..

Bilan général :

Je ne regrette pas une seconde cette expérience aux 3 sources. Elle m’a permis de vivre cette expérience plus écologique et d’aller dans le sens de mes valeurs. A la fois d’acter certains choix, et d’en découvrir d’autres, que je pourrais mettre en place plus tard.
Cela m’a permis de rencontrer des personnes formidables, diverses, incroyables. Je sens que j’ai passé un pas assez fort dans l’acceptation de la diversité humaine, de continuer à voir plus finement autant la beauté que la complexité, accepter la lumière comme les côtés sombres. Et je crois qu’il faut être prêt à ça, pour vivre en collectif.
J’ai l’impression d’avoir vécu un an, en 3 mois. Car les semaines ont défilé, sans jamais se ressembler.
J’ai touché le concret (et oui, le vidage des toilettes, on y est !) comme je me suis ouverte à ma spiritualité.


Aujourd’hui, je décide tout de même de quitter les 3 sources. Alors, pourquoi ?
Vivre dans un écovillage est un projet à part entière. Je pense qu’il faut être prêt à s’y consacrer vraiment, à y mettre son temps et son énergie. Pour moi, j’ai encore mille projets : roman, peinture, blog, et formations à distance. Je n’ai plus assez de temps ici pour m’y consacrer. Le site des 3 sources est un domaine conséquent, et aujourd’hui, trop peu de personnes sont présentes pour que cela ne représente un temps certain pour chacun.

Au-delà du temps, je pense que cet éco-village est à un de ses tournants, un des moments où une solide remise en question est nécessaire pour trouver le modèle qui puisse fonctionner. Quand je parle de modèle, c’est un modèle économique et humain.

Comment financer et faire fonctionner un écovillage ?

Chaque écovillage a son modèle, peut-être que les 3 sources a besoin de réinventer le sien, avec un collectif solide pour retrouver un équilibre qui permettra de vivre pleinement l’harmonie que dégage le lieu.

2 commentaires sur “Bilan : 3 mois aux 3 sources”

  1. Coucou Aurélie,

    C’est Zoubida :-), j’ai suivi un peu ton expérience via Facebook. Tu m’as fait découvrir ce que c’est un ecovillage (oui je ne connaissais rien sur le concept avant). J’ai aimé ton article et tes conclusions. J’aime bien te lire de temps en temps car tu me fait découvrir et réfléchir sur des questions que je n’y pense pas forcément… Merci et bonne continuation à toi ;-).

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