Développement personnel : Charlatans ou accompagnants ? Ou comment prendre du recul sur le choix d’un professionnel

J’entends de plus en plus autour de moi, ce questionnement :  avec toute l’offre en accompagnement, coaching, formations, stage en développement personnel, comment s’y retrouver ?

Comment faire confiance ?

Certains s’interrogent notamment sur le prix, d’autres sur le fait de pouvoir faire confiance. Ne me promet-on pas monts et merveilles alors que c’est de l’arnaque ?

Ces questionnements sont légitimes, nécessaires, au sein même des accompagnateurs. Se remettre en question, constamment, sur nos actes, notre manière de le faire et notre intention. Notre ego peut vite nous rattraper.

Des amis ou des clients me demandent régulièrement mon avis, ou des conseils de praticiens, par rapport à mon expérience. Mais je ne peux donner qu’un avis, quelques contacts, et souvent limité à la Réunion, et non-exhaustif.

J’ai donc eu l’idée de cet article, non pas pour donner une méthode, mais pour partager quelques pistes qui m’ont permis de rencontrer des accompagnateurs formidables. Ces personnes m’ont permis de cheminer professionnellement et personnellement.

1/ Le bouche-à-oreille

Mon premier conseil serait de faire confiance au bouche-à-oreille, certainement plus utile à La Réunion qu’à Paris, mais tout de même !

Demander autour de vous, mais gardez à l’esprit que ce n’est qu’un avis, par rapport à un besoin. Plus vos attentes sont proches de la personne, plus cela a de chance de vous convenir. Vous pouvez avoir comme cela des personnes de confiance qui peuvent vous recommander de bons professionnels. Parfois, c’est lorsqu’on me parle plusieurs fois de la personne, que cela renforce ma curiosité et ma confiance.

2/ Le sens critique

Personnellement, je suis d’un naturel un peu méfiant. Je suis donc une cible assez difficile pour le marketing. Finalement, plus la pub dit que « le produit enlève 100% des tâches », plus je vais me méfier. Sauf que dans le domaine du développement personnel, on travaille avec l’Humain. Chaque être Humain est unique, chaque relation est unique, chaque situation est unique, je ne peux donc garantir le résultat.

C’est sûr que c’est moins vendeur, mais par expérience, les personnes qui ont de vrais résultats n’ont pas besoin de le clamer sur tous les toits…

Le marketing s’est largement emparé du phénomène “développement personnel”. De mon point de vue, il y a des avantages et des inconvénients. L’avantage est de permettre de faire connaître des outils merveilleux à plus de personnes, pour favoriser un épanouissement individuel qui favorisera une croissance collective. Comme toute chose, l’excès n’est pas forcément souhaitable, et c’est ce qui conduit à faire de l’épanouissement, de l’abondance, un saint-graal à acheter comme tout autre produit de consommation. Phénomène qui commence à glisser sur la spiritualité, montrant toute l’absurdité du système…

Prenez un peu de hauteur et de sens critique, on ne peut pas vous vendre un accompagnement personnel et profond, comme on vous vendrait des couteaux sur le marché : “ce n’est pas 50 euros les 30 couteaux, ce n’est pas 30 euros les 30 couteaux, c’est 19€ les 30 couteaux et je vous en rajoute 20 de plus, en bonus” (spéciale dédicace à tous les marchands de couteaux :  on fait quoi de 50 couteaux ?!)

3/ Les faits objectifs

Pour objectiver une proposition alléchante, je vais regarder généralement 2 choses : ce qui est proposé (en rapport avec le prix) et l’organisme, ou la personne, qui le propose.

Les packs proposés reprennent parfois le système de la grande consommation : on augmente un prix avant de lui appliquer une promotion. Le fait de comparer différentes offres peut permettre de prendre du recul.

D’autre part, qui le propose ?

Le développement des réseaux sociaux et de la publication sur internet, a révolutionné les pratiques. Cela offre des possibilités incroyables et a donc considérablement changé le paysage médiatique, ces nouvelles possibilités sont formidables. Pour chaque innovation,  il faut développer de nouvelles compétences pour savoir les utiliser. Les compétences clé à l’heure actuelle sont le sens critique et la vérification d’information.

A l’heure actuelle, je peux faire un site sur la physique quantique alors que je n’y connais absolument rien. Sans tomber dans l’extrême méfiance, quelques simples habitudes de vérifications d’information sont intéressantes à prendre en main. C’est ce que je conseille à mes étudiants. En ce qui concerne les professionnels, je fais à peu près de la même manière.

Quel est le professionnel ou l’organisme qui propose ce coaching, accompagnement ou stage et quelle est sa “légitimité” par rapport au sujet ?

La question de la légitimité est complexe. Pour moi, elle peut s’acquérir de différentes manières : la formation, l’expérience personnelle et l’expérience professionnelle. Certains points sont plus difficiles à vérifier que d’autres. Si je peux facilement avoir accès à la formation suivie par le professionnel ou à son parcours professionnel, je peux moins facilement connaître son parcours personnel, qui aura pu être déterminant. Néanmoins, selon moi, toute expérience doit être mis à distance, travaillée, accompagnée pour être transformé en posture professionnelle d’accompagnement. Mon simple vécu ne me permet pas d’accompagner tous types de publics à traverser les mêmes phases.

Finalement, la plus grosse problématique dans le domaine du développement personnel n’est pas tellement des charlatans, qui veulent absolument arnaquer des gens. En tout cas, je l’espère. Mais souvent, ce sont des personnes qui, ayant passé certains caps sur leur cheminement personnel,  veulent à tout prix en faire profiter les autres. On peut dire qu’il y a une « bonne intention » derrière.

Malheureusement, dans une démarche d’accompagnement,  la “bonne intention » ne suffit pas. Prendre une posture d’accompagnant, n’est pas instinctif, n’est pas intuitif, même si on peut avoir plus ou moins d’aptitudes à cela. La professionnalisation dans ce domaine, par le biais d’analyse de pratiques, d’analyse de l’activité professionnelle est nécessaire pour ne pas tomber dans différents pièges.

4/ Le feeling

Un filtre important, pour moi, est ce que j’appelle le “feeling”. Cela peut être votre intuition qui vous dit d’y aller ou pas. Ou si vous y êtes déjà allé, le feeling lors de la rencontre. Au-delà des compétences du professionnel, « l’alliance thérapeutique » est importante. Pour que vous puissiez avancer sur votre chemin, et avoir confiance, il faut que le feeling passe bien. C’est ce qui fera que cela passe avec un accompagnant plutôt qu’un autre, alors que ce sera l’inverse pour votre voisin.

Ne vous forcez pas et acceptez que ce choix fasse partie du chemin.

5/ L’humilité

Accompagner, c’est « marcher avec », au même rythme, à côté. Quand vous marchez, vous regardez droit devant, vers votre objectif. Pas votre accompagnant.

Il n’est pas là pour être déifié, idéalisé. Il est là pour trouver les outils adaptés qui vous aideront à avancer sur votre chemin, unique, pas sur le sien…

C’est vous qui faites le travail. Il est là pour vous soutenir. L’accompagnant doit finalement savoir se faire oublier. Loin des « coachs super star » que l’on voit fleurir partout …