Je voudrais être … maîtresse-astronaute-peintre

Décrire ses émotions, ses idées, ses peurs et ses principes qui s’entrechoquent, et valsent avec le rythme incessant d’une vie quotidienne, qui ne veut pas laisser la place à ces questionnements.
Pourquoi ? car cette vie se sent menacée, elle lutte pour sa survie, aidée de la peur et de ses principes indéboulonnables. Autant que 1 et 1 font deux, le travail fait partie de la vie, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre, la chance tourne…et autres proverbes qui viennent légitimer les peurs et la peur de faire des choix différents.

Je me souviens d’un jour où je rentrais d’une formation, il doit y avoir environs 3 ans de cela. Je me rendais compte à quel point j’avais kiffé la formation que j’avais faite, et tout d’un coup, ça c’était imposé à moi. J’adorais mon boulot, il était devenu une sorte de passion. C’est drôle, mais ça m’avait fait un choc. Si j’avais toujours recherché à faire un travail épanouissant, et que je l’avais cherché pendant longtemps, cette réalité soudaine me frappait par surprise. Plus d’une fois, j’ai dit « j’adore mon travail », avec une pincée de honte, dans un monde où souvent le travail rime d’abord avec contraintes. J’ai savouré cette chance d’aimer mon travail, pour tous ceux qui n’étaient pas dans ma situation, pour toutes ces années où je l’avais cherché…

Mais comme toutes les phrases, que l’on répète, sans plus se poser la question, elle finit par devenir une étiquette, que l’on ne remet plus en question, qui vient se coller sur toutes les situations, comme une explication…J’adore mon boulot, alors je pourrais ne pas m’arrêter, j’ai la chance d’avoir du boulot, alors je ne dis jamais « non ». J’aime mon boulot, en accord avec mes forces, alors je renouvelle naturellement, et indéfiniment, mon énergie.
J’aime mon boulot, j’ai créé mon entreprise, alors je ne prendrais pas la mer. J’ai construit quelque chose, quelque chose que j’ai souhaité tellement longtemps, que cela ressemblait à une destination. J’étais arrivée…ou presque, il fallait consolider la situation, fêter les 3 ans, souvent fatals à tellement d’entreprises. Mais le mouvement ne se stoppe pas, et la destination n’en est pas une, le voyage me rappelle, le bouleversement des émotions, et la valse des questions.

Une partie de moi souhaite se poser, se reposer un peu dans sa zone de confort, et l’autre a envie d’apprendre d’autres choses, a envie d’une autre destination… Je suis fatiguée de ce mouvement perpétuel, et je sais qu’il est pourtant ce qui me fait vivre, celui qui allume l’étincelle dans mes yeux, et rempli mon cœur de joie et d’amour..

Quelle difficulté de poser des mots sur des états d’âme tellement fluctuants, un mot décrit une réalité, tellement fugace… Mais je me rends compte surtout que comme toute chose que l’on aime, aucun excès n’est bon. Le quotidien affaiblit l’intensité de la relation amoureuse, la crise de foie signale le trop-plein d’une glace au chocolat…comme toute chose, avec les contraintes du quotidien, il est plus difficile d’aimer. Et puis aimer la glace au chocolat, ne veut pas dire ne plus aimer les fruits ou le saucisson,…

Pendant ces 3 mois, j’ai redonné la place à cette petite fille qui pouvait rêver de tout, qui pouvait contempler la nature, qui pouvait combattre ses peurs et suivait simplement son intuition.. Je suis rentrée et j’ai tout remis sous cloche. 

Je me suis asphyxiée…
Je regarde mon agenda rempli et j’étouffe…

J’ai envie de danser, j’ai envie d’écrire, j’ai envie de peindre, de créer…de prendre le temps d’être à mon rythme, de me laisser porter par mes envies, de pouvoir suivre une de mes idées, sans qu’elle n’ait besoin d’être performante..
J’ai envie de pouvoir écouter mes amis, comme des inconnus, qu’il ne soit pas forcément question d’argent ou de temps, qu’il s’agisse juste d’humanité. Je veux sentir mon cœur se remplir d’amour, face à un regard ou un coucher de soleil. Je veux que ces émotions me fassent oublier les tsunamis, les tremblements, les burn-outs et les violences..Je veux me saouler à l’amour et à la beauté, je veux célébrer la Terre, et construire un demain différent.

Et qui a dit qu’aucun métier ne permettait ça ? 
Et qui a dit qu’aucun métier ne contenait tout ça ?
Et si c’était bien à moi, à nous, de l’inventer pour demain ?