Un bambou face à la tempête ?

L’apprentissage, comme je le disais dans le précédent article, se fait par la répétition. Tout formateur le sait :-).

C’est pourquoi la vie m’a amené de nouveaux défis ,afin que je comprenne qu’il y aura toujours une raison d’anticiper sur l’avenir, un souci qui pourrait m’amener à ne plus être présente à l’instant.

J’ai déjà gâché trop de moments dans ma vie, en me disant : “Après cela, ça ira. Après ça, je profiterai”.

La vie a amené un petit cyclone sur notre île, le jour de notre retour. Cela est bien quelque chose que je ne peux pas changer, n’est-ce pas ?  Alors, appliquant la devise de Marc Aurèle, nous avons pris à distance toutes les dispositions qui pouvaient protéger notre maison, essayer de prévoir notre retour, et puis lâcher prise sur ce que nous ne pouvions contrôler.

Essayer de s’inspirer du bambou qui reste souple, face aux vents, sans rompre pour autant. S’adapter tout en gardant son alignement, sa stabilité.

Se préparer à une longue attente à l’aéroport, sans nouvelle, certainement… Tout le monde faisant de son mieux.

Comment se préparer ?

Pour moi, c’est de se reposer et de méditer. Si je suis reposée, je m’adapte mieux aux aléas, et si j’ai médité, je prends plus de recul par rapport aux évènements, à mes pensées. Mes pensées ne sont pas la réalité. Ainsi, mon stress ou ma volonté de contrôle ne fera pas avancer la situation. Je ne dis pas qu’il ne refait pas son apparition, mais il ne m’emporte pas ou moins.

Tous les jours de votre vie, il y aura des soucis ou des préoccupations qui pourraient vous empêcher de vivre le présent. Apprenons aussi à faire la différence entre ce qui est important et ce qui est grave, gardons en tête la priorité des choses.

Je vois, sur les commentaires des prévisions météorologiques, les peurs de ce qui pourraient se passer, puis des plaintes parce que finalement, le cyclone ne serait pas si fort que cela… Remercions d’avoir des systèmes si pointus, pour essayer d’anticiper ce que Dame Nature souhaite faire, même si elle est imprévisible. Remercions tous les professionnels et ces passionnés qui mettent leurs compétences et leur temps pour nous protéger. Ils changent ce qu’ils peuvent changer, ne leur demandons pas d’endosser une responsabilité qui n’incombe à personne. Et acceptons.

Dans chaque situation difficile, il nous faut d’abord accueillir. Accueillir l’information, accueillir l’émotion. Je suis triste, je suis angoissée ou je suis en colère. J’accepte cette émotion, je l’observe, je n’essaye pas de la contrôler, ou de la supprimer.

Et oui, je mets en oeuvre les enseignements de la psychologie positive et je suis en colère, triste ou angoissée. Et non, la psychologie positive ne dit pas d’être toujours joyeuse, elle n’est pas la pensée positive !

I. Kotsou le redis très bien, dans son ouvrage “Eloge de la lucidité”. D’ailleurs, les résultats de la pensée positive ne sont pas probants. Essayer de lutter contre une idée ou une émotion, elle sera plus forte. Accueille cette émotion, et elle diminuera. Refuse là et elle s’amplifiera.

Tu es tendu ? Observe ces tensions.

Où es-tu tendu ? Peut-être sais-tu ce qui t’as provoqué ces tensions ? Ou peut-être pas, tu n’es pas obligé d’y réfléchir, juste les observer, et respirer…

Le bonheur n’est pas l’absence d’émotions désagréables ou de tensions, et comme le dit un auteur que j’aime beaucoup “le bonheur n’est pas nécessairement confortable !” (T. d’Ansembourg).

N’avez-vous jamais savouré un plaisir, une joie plus intensément, car elle survenait après un moment difficile, un stress, une peur ?

Alors pourquoi ne pas accepter d’être traversé par cela. Je sais que cela n’est pas facile. Parfois, je voudrais juste continuer à ressentir ce bien-être, cette sérénité. La méditation m’apprend à ne m’accrocher, ni à mes pensées, ni même au bien-être que je peux ressentir. Nous rencontrerons toute notre vie des tempêtes, et certaines nous marquerons peut-être à vie.

J’ai rencontré beaucoup de stagiaires qui ont affronté de grosses tempêtes, voire de véritables naufrages dans leur vie, mais c’est incroyable ce qu’ils en ont retiré. De chacun d’eux, j’apprends. Et il ne tient qu’à nous de ne pas attendre les tempêtes pour apprendre ce qui est véritablement important, pour nous, dans notre vie.

Il y a quelques mois, j’ai rencontré dans une de mes formations, une personne qui avait eu un point de bascule dans sa vie. Elle nous avait étonnée par son sourire et son indéfectible joie de vivre, dans un milieu professionnel, relativement difficile à vivre au quotidien. Lorsque je leur ai demandé de raconter une histoire, afin de travailler l’écoute active et la reformulation, j’ai compris pourquoi. Elle était partie en croisière, et au beau milieu d’un magnifique dîner, un énorme fracas se fait entendre, panique à bord… le navire s’échouait…
Elle est sortie saine et sauve de ce naufrage. Depuis, elle savoure chaque minute de sa vie et offre véritablement cette joie de vivre à tous ceux qui la croisent…

Aujourd’hui, je n’ai plus envie de me faire emporter loin d’ici et maintenant. Même si c’est, pour moi, un travail que de revenir à cet instant présent, avec un cerveau qui est trop habitué à sauter d’idées en idées, avec une créativité foisonnante…

Sur ces derniers jours de voyage, il m’a été malgré tout plus facile de rester ancrer dans ce présent. En effet, mon compagnon prendra l’avion dans quelques jours pour commencer une longue traversée à la voile (et oui, je partage ma vie avec un vrai capitaine ;-)).

Quand quelque chose devient rare, nous y prêtons plus attention. Afin de prêter plus d’attentions à ce qui est nous est cher et ceux qui nous sont chers, au quotidien, la gratitude peut nous aider. Chaque jour, remercier la vie pour les petits et les grands bonheurs ou enseignements qu’elle nous apporte.

Avant notre départ, nous nous sommes offert une séance de réflexologie plantaire face à la mer. Nos voisins sont restés toute leur séance, rivés à leur téléphone. Je me demandais alors, comment pouvaient-ils véritablement savourer ce moment pour soi ?

Et vous, quels moments de déconnexion et de présence à vous-même vous offrez-vous ?

Alors, de nouveau à l’aéroport, je profite de ce temps pour écrire. La boucle est bouclée, le retour fait aussi partie du voyage…. Etre à l’aéroport avec mon compagnon est aussi un temps partagé à deux, et je suis reconnaissante d’avoir ce temps. En Malaisie, nous avons rencontré de nombreuses personnes qui ne pouvaient pas vivre au quotidien avec leur famille, car elles travaillaient loin de leur foyer.

Je suis reconnaissante d’avoir pu vivre ce formidable voyage, 5 semaines de découverte, 5 semaines d’échanges et de partages, 5 semaines pour ralentir et prendre soin de soi, 5 semaines pour laisser pousser des idées et des projets, des projets qui verront le jour en 2018…

 

Eloge de la Lucidité de I. Kotsou : Lien amazon

Le bonheur n’est pas nécessairement confortable de T. d’Ansembourg : Lien amazon