Des petits cailloux blancs…sur notre chemin de vie

Cela devait faire tout juste dix jours que j’étais rentrée de Polynésie, j’avais repris le rythme du travail, et avec, celui des embouteillages. J’écoutais distraitement la radio quand l’animateur lança une phrase à la fois anodine, et alarmante : “plus que deux jours, avant le week-end !

Combien de fois avez-vous entendu cette phrase ? A peu près toutes les semaines ?

Tout à coup, elle m’a semblée tellement absurde.
Devons-nous chaque jour compter les jours avant le prochain week-end, les prochaines vacances ou la retraite ? 
J’ai un collègue qui avait à peine 40 ans et disait déjà “vivement la retraite ! “. Je trouvais cela profondément triste..
Ne pouvons-nous pas construire une vie où nous aurions autant de plaisir, quel que soit le jour de la semaine ? Bien sûr, notre plaisir et notre bonheur ne peuvent pas être à 100 %, 100% du temps, mais cela n’est pas fixé par un jour de la semaine ou de l’année, de toutes manières.

C’est un sujet que j’évoque régulièrement dans le blog, c’est pour moi une question qui me taraude depuis longtemps, de différentes manières. Cela a démarré lorsque trois moi après le début de mon deuxième boulot, j’ai senti que j’en ferai vite le tour, et qu’aller dans une autre boîte ne me comblerait nullement. J’ai commencé une réflexion, qui est passée par différents stades, jusqu’à ressentir un réel plaisir depuis trois ans, dans ce métier de formatrice et ce statut d’indépendante.

Depuis le projet de voyage de David, et les différents voyages que nous avons partagé cette année, il a pu me faire partager un regard différent sur la place du travail dans la vie. Si depuis plusieurs années, je travaille et j’accompagne à la recherche d’un projet professionnel qui ait du sens pour mener à un accomplissement, peu à peu cela s’étend à la création d’un projet de vie qui ait du sens. 

Comment donner à sa vie du sens et comment se réaliser dans sa vie, avec quelle part de travail ou quelle organisation de travail ? 

Pour moi, j’en suis sûre, j’ai besoin d’être utile aux autres pour que ma vie ait un sens, au-delà du simple bonheur hédonique. Je recherche la construction de ce sens et mon bonheur dans un équilibre. Cet équilibre, instable, est fait de contrastes, d’alternances, qui permet de mieux savourer chacun : travail / reposintérieur / extérieur, contraintes, ou engagements / liberté. 

Mais quel serait ce secret équilibre qui nous permet de savourer au mieux ce que nous vivons ?

Mieux savourer, pour rester à l’écoute de nous-même, de ceux qui nous entourent et de ceux que nous aimons, dans leurs besoins essentiels.

Trop souvent à mon goût, nous opposons les choses : blanc ou noir, travailleur ou fainéant, rêveur ou actif ? Nous nous définissons ou nous nous laissons définir dans des cases qui nous enferment et qui tuent notre créativité car “IL FAUT faire des choix”. C’est bien connu, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. C’est finalement le proverbe que j’aime le moins. Si je trouve souvent que les proverbes transmettent simplement la sagesse, je trouve celui-ci trop enfermant. Peut-être qu’il nous apprend à apprécier ce que l’on a ? Mais il nous bloque aussi dans nos croyances limitantes.

Alors bien sûr, notre temps est, d’une certaine manière, limité et nous devons faire des choix.
Il y a quelques semaines, j‘ai réalisé qu’il y a 4 ans à la suite de mon master, mes professeurs me proposaient de faire une thèse. A l’époque, encore dans la stimulation intellectuelle de mon mémoire, j’avais envisagé la possibilité. Même si cela n’a pas été un de mes choix les plus marquants, j’avais pris le temps d’y réfléchir. Si j’avais fait ce choix-là, je serais tout juste en train de soutenir ma thèse, ayant dédié ces années à ce travail, qui, il faut bien le reconnaître n’aurait changé la vie de personne. A cette idée, je me suis dit très spontanément, j’ai fait le bon choix. 

Mais finalement si j’avais fait l’autre, l’aurais-je regretté ? Je n’aurais pas vraiment pu imaginer ce que j’aurais manqué. Mais en pensant à la création de ma société, à toutes les formations que j’ai animées, aux accompagnements, aux déclics, aux étincelles dans les yeux de mes apprenants, aux changements de vie auxquels j’ai pu, modestement, contribué, je n’ai aucun regret. Et c’est sans compter l’expérience du Tedx, de la psychologie positive, des voyages et de ce blog !

Parfois, sans savoir de quoi demain sera fait, sans avoir de petit cailloux blancs pour nous dire si nous sommes sur le bon chemin, c’est parfois difficile de faire un choix, un choix différent, un choix qui nous ressemble pourtant. Nous avons surtout besoin d’apprendre à écouter notre cœur, et de poser nous-même nos petits cailloux dans la direction où nous souhaitons aller. C’est un apprentissage de tous les jours, mais ceux qui feront la démarche seront récompensés au centuple, j’en suis sûre.

Et vous, quels sont les choix marquants dont vous ne doutez pas, dont vous êtes heureux ou fiers ?