Les attentes, le plaisir et l’instant présent

Au fil des kilomètres, parcourant du regard ces collines verdoyantes, parsemées de moutons, entourées de belles clôtures en bois, je suis dans l’idée de la Nouvelle-Zélande que je pouvais me faire. Sans avoir même regardé de photos ou de guide, récemment en tout cas. Puis le paysage change, et me surprend à évoquer la méditerranée.
J’aime de plus en plus me laisser surprendre par un pays, et j’ai laissé tomber les guides. Ne pas construire une image avant le départ, afin de ne pas créer d’attentes particulières et vivre au maximum l’expérience du voyage.

Mais malgré tout, n’y a-t-il pas d’attentes ? 
Si, forcément, j’ai attendu ce voyage, alors mon cerveau a créé automatiquement des images, des sensations. Il projette instantanément quelque chose quand je pense à ce voyage, à ces vacances. Généralement, il projette même quelque chose de positif. Il ne va pas imaginer des jours et des jours de pluie. Autant créer des images qui font envie, n’est-ce pas ?

Mais le problème ne vient-il pas de là ? Dès qu’il y a construction du cerveau, d’une image, n’y a-t-il pas une attente qui se crée ? Cette attente qui filtrera l’expérience vécue, pour la comparer immédiatement à l’image d’Epinal que notre cerveau a créé. Provoquant immédiatement une déception. 
Ce tableau exagérément sombre ne traduit pas la réalité et ses nuances. Nos expériences nous surprennent aussi agréablement. Elles nous permettent de voir des beautés inimaginables ou de vivre des moments bien plu savoureux que l’on aurait pu imaginer. D’autant plus que nous goûtons l’instant présent, dans sa simplicité, dans sa beauté, avec les émotions qu’il fait naître.

Je pense que certaines personnes sont plus douées pour vivre ces bonheurs simplement. Pour moi, dans certains cas, il s’agit d’un effort. Je dois décider de couper le mental, les idées, les pensées, l’imagination et la projection. Un effort tout à fait nécessaire pour mieux savourer le présent. Pour être réellement présente là où je suis, ancrée.

J’écris ces mots en ayant une vue magnifique, il fait beau, les vagues déferlent devant moi, le soleil scintille sur l’océan, et il règne cette ambiance légère et chaleureuse de noël. Mais en vous parlant de tout cela, suis-je plutôt ici ou dans ma projection ? C’est un comble ! ;)

En même temps, ce sont les beaux lieux et ces ambiances qui m’inspirent. Et à cet instant précis, je crois que mes attentes, collent tout à fait avec mon plaisir et l’instant présent. Et si de nombreuses fois, je me suis dit qu’il était essentiel de savoir lacher ses attentes pour réellement savourer son plaisir et l’instant présent, je me dit à cet instant, que lorsque tout coïncide, c’est un rêve qui se réalise. Vivre l’intensité de l’instant.

Si nous ne pouvons pas enlever totalement nos attentes, nous pouvons peut-être réfléchir à les alléger du superflu, de ce qui n’est pas indispensable au bonheur. Nous concentrant ainsi sur ce qui est important pour nous et nous donnant ainsi plus de chance de les réaliser. La beauté est en tout, si nous savons l’observer, et cette observation prend sa source dans notre cœur, plutôt que dans nos yeux. Vivre l’instant présent ne serait-ce pas apprendre à ouvrir son cœur…