L’instant présent

Savourer l’instant présent, ça paraît si simple… Certains instants, en tout cas, paraissent si simples à savourer. Pourtant, arrive-t-on toujours à les apprécier ? Je ne crois pas.

Dans le cadre du tournage du MOOC de Psychologie Positive, (http://www.uoh.fr/) Rebecca Shankland, une chercheuse en psychologie, spécialisée sur la pleine conscience, nous expliquait qu’on passait 53% de notre temps à penser à autre chose que ce que nous sommes en train de vivre. En caricaturant, au travail, nous rêvons de vacances et en vacances, nous pensons au travail.

N’est-ce pas hallucinant ?

Nous passons donc 53% de notre temps à ne pas être vraiment là. Nous sommes là physiquement, mais nous ne sommes pas entièrement présent.

C’est une de ces raisons qui m’a décidé à me mettre plus sérieusement à la méditation. Je suis loin d’échapper à la règle, j’ai très souvent mon esprit ailleurs. De nature rêveuse (mais aussi anxieuse), mon esprit part facilement que ce soit pour rêver à une situation plus agréable ou pour anticiper sur des problèmes. Lorsque je suis submergée de travail, je rêverais d’un rythme plus calme, pour savourer la tranquillité du travail à la maison. Lorsque j’ai enfin ce rythme-là, je m’inquiète de ne pas avoir assez de travail !

Pourquoi est-ce donc si difficile de savourer ce que l’on a, au moment où on l’a ?

La méditation m’a grandement aidé à cela. Etre présente, apprécier l’instant présent, accepter qu’il ne se déroule pas comme prévu, se laisser traverser par ses émotions. Mais elle ne rééduque pas notre cerveau en seulement quelques mois. Seule une pratique régulière (voire quotidienne) permet de rester dans l’instant présent.

En mai 2016, je me suis lancé un défi de 30 jours pour expérimenter la méditation. Cela faisait quelques mois que j’essayais de pratiquer régulièrement, mais j’avais du mal à trouver un emplacement stable dans mon emploi du temps. Dans la journée, mon emploi variait trop, le matin, au réveil, je me rendormais pendant la méditation, et le soir cela me glissait vers le sommeil trop rapidement. J’ai donc pris le parti de tester le miracle morning : me lever une heure plus tôt le matin pour prendre du temps pour moi faire un peu de yoga, afin de me réveiller suffisamment pour méditer ensuite. J’ai testé les méditations guidées de Christophe André de 10 à 15 min.

La première semaine, le réveil était très compliqué, rentrer dans la méditation n’était pas simple non plus…La deuxième semaine, je me sentais extrêmement fatiguée, mais j’ai déjà commencé à sentir des effets. A la troisième semaine, je percevais déjà en moi des réactions très différentes, beaucoup plus de recul sur les situations difficiles, qui m’affectaient beaucoup moins. C’est comme si une grosse bulle me protégeait des situations extérieures. J’ai continué un mois et demi jusqu’à mon départ à Bali. Après quelques jours de break / repos, j’ai repris la méditation et le miracle morning pendant mon voyage. J’avais observé que j’avais comme une “autonomie” de 3 jours. Au bout de 3 jours sans méditer, mon mental reprenait le dessus pour commenter tout ce qui m’arrivait et m’entraîner loin de ce que je vivais.

La méditation accompagnée d’un voyage particulièrement riche et doux, m’a apporté une sérennité et une stabilité intérieure délicieuse qui a duré pendant des semaines après mon retour. Pour l’avoir connu, je sais qu’elle existe, et qu’elle existe en moi. Même si, il faut bien dire qu’un beau cadre facilite l’accès à cette sérenité…

Depuis un an et demi, ma pratique a largement varié selon les périodes, des arrêts complets pendant des semaines. Ces semaines où tu lâches car tu te sens trop fatiguée et submergée alors que tu aurais justement besoin de méditer encore plus ! Des semaines de pratiques très régulières et des semaines avec des temps de méditation en pointillés…

En méditant le matin tôt, je me suis attaquée à une grosse difficulté pour moi, car j’adore dormir, j’ai besoin de beaucoup de sommeil et le réveil est toujours difficile.

Pourtant, aujourd’hui, je sais que la méditation est un temps dont j’ai besoin quotidiennement pour être dans l’instant présent. Pour certaines personnes, ce sera simple et évident d’être là, simplement et pleinement là. Et c’est le cas pour moi, dans de nombreuses situations, qui n’ont pas besoin d’être extraordinaires : boire un café en terrasse, savourer de marcher lorsqu’il fait bon, et même faire le ménage quand j’ai besoin de me libérer l’esprit. Mais j’ai aussi, comme beaucoup de personnes, un mental qui peut s’emballer comme un hamster dans sa cage. Et que ce soit pour des pensées positives ou constructives ou des pensées négatives, elles m’empêchent d’être là. Etre simplement et pleinement là.

A quoi cela sert de mettre en place des projets, quel que soit le projet, si on n’est pas capable de le savourer pleinement lorsqu’on l’accomplit ? En pensant déjà au suivant ?

Il faut bien avouer qu’on a souvent tendance à vouloir ce que l’on n’a pas…avoir de la fraîcheur quand on a chaud, rêver de soleil quand il pleut, etc, etc… ça vous parle ?

Observez-vous, quotidiennement. C’est trop souvent le cas, de mon point de vue.

On cherche la recette du bonheur. Je ne la connais pas, mais je réalise à quel point tant qu’on n’apprend pas à être dans le moment présent. A ETRE tout simplement, on ne peut pas être heureux durablement.

Alors quand est-ce qu’on commence ? On repousse encore ? Ou pas….

Notre planning a changé, les prévisions de pluie nous ont fait annuler notre ballade à scooter…C’est précisément à ce moment-là que j’ai décidé que c’était important.

Nous ne pouvions pas faire ce dont on avait envie, mais j’ai pu savourer une sieste dont j’ai maintes fois rêvé pendant mes dernières semaines de travail. J’ai profité d’un temps de partage simple et de coocooning avec mon amoureux, et j’ai pu écrire cet article, dans cette ambiance de Noel, malgré tout.

Goûter l’instant présent n’est pas FAIRE quelque chose pour se donner la sensation d’en profiter au maximum, mais bien d’ETRE simplement et profondément, soi, en accord avec le moment…